Bientôt trois réseaux de chaleur biomasse sur la ville d’Arbois
L’origine du projet
La toute première étude à ce sujet, une note d’opportunité réalisée par l’AJENA en 2019, portait exclusivement sur le chauffage de la piscine, du lycée et des logements de La Maison Pour Tous (ex-OPH) par un réseau de chaleur alimenté avec de la plaquette forestière. Le gros appel de puissance et les consommations de la piscine en été, les forts besoins de chaleur des logements et du lycée en hiver, constituaient des conditions idéales pour la mise en place d’une chaufferie bois. En conclusion, l’étude indiquait que la densité des besoins énergétiques au centre-ville pouvait également justifier la mise en place d’un réseau de chaleur.
Du fioul, du gaz… ou du bois
Les bâtiments publics d’Arbois sont essentiellement chauffés au gaz, et les bâtiments communaux sont en grande partie chauffés au fioul, avec des chaudières vétustes demandant à être remplacées. Un changement d’énergie allait donc être inéluctable. La hausse des prix du gaz, suite au conflit ukrainien, la crainte du black-out l’hiver précédent, ont fait prendre conscience à tous de la fragilité de notre approvisionnement en énergie et en chauffage. Même si le bois ne sort pas tout seul de la forêt sous forme de plaquettes, il est plus local, et sa valeur plus stable que le gaz des pays de l’Est.
Trois chaufferies valent mieux qu’une
Le périmètre de l’étude a donc été étendu au centre-ville. Il est vite apparu que raccorder tous les bâtiments publics à un seul et même réseau de chaleur posait plus de problèmes que cela n’apportait de solutions : trop de pertes de chaleur sur un réseau trop long, dimensionnement de la chaufferie peu optimal, fonctionnement à l’envi avec une production d’eau chaude toute l’année pour quelques bâtiments seulement… C’est donc l’option « trois chaufferies-trois réseaux » qui a été retenue : une chaufferie au gymnase pour alimenter les bâtiments du périmètre initial, une chaufferie au centre-ville dans le garage du parking de la maison Molliet, et la troisième, sur un terrain proche du parc Delort, pour alimenter la crèche et l’hôpital.
Impacts financier et carbone du projet
Le projet total est estimé à environ 7 millions d’euros, dont 4 millions de subventions. Un emprunt, qui sera remboursé avec le produit des ventes de chaleur, permettra de boucler le budget. Les bénéficiaires sont la commune et la Région (chacune pour un quart environ de la chaleur produite), le Centre Hospitalier Intercommunal du Revermont avec l’EHPAD Delort, puis La Maison Pour Tous, la Communauté de Communes, la Fruitière Vinicole, le groupe scolaire Saint-Just, et le Département. Tous bénéficieront du même prix de chaleur ; il est estimé que le coût total du chauffage des bâtiments desservis diminuera, en moyenne, de 14%. Le raccordement au réseau de chaleur bois permet de supprimer 11 chaudières fioul, dont 8 ont plus de 25 ans (les autres bâtiments sont chauffés au gaz). L’empreinte écologique du bois n’est pas nulle, car il faut des énergies fossiles pour l’exploiter, le transformer et le livrer. L’économie globale du projet en termes d’équivalent CO2 est malgré tout indéniable : les émissions de CO2 liées au chauffage des bâtiment concernés seront réduites d’environ 80%, ce qui équivaut à la suppression d’environ 390 voitures.
D’où vient le bois ?
La consommation de bois du réseau correspond à la part de bois « industrie ou énergie » générée par l’exploitation forestière de 1 200 ha de forêt environ. La forêt communale d’Arbois couvre 1 800 ha, mais il n’est pas pour autant prévu que le bois alimentant les chaufferies en provienne exclusivement, ceci pour respecter l’aménagement forestier qui ne prévoit pas nécessairement une quantité identique de bois énergie tous les ans.
Le cahier des charges impose que le bois brûlé dans la chaufferie ait été exploité dans un rayon de 40km autour d’Arbois.
Rappel : un arbre n’est pas coupé pour alimenter une chaufferie bois. Il est coupé parce que l’industrie du bois a besoin de grumes à transformer ; la chaufferie bois permet de valoriser les houppiers et les petits diamètres que l’industrie n’utilise pas.
Quid des nuisances (qualité de l’air, bruit des installations, livraisons des plaquettes…) ?
L’annonce d’un tel projet génère automatiquement des questions sur les nuisances liées à la phase travaux et à la phase d’exploitation. Il n’est pas question de chercher à nier ces nuisances, mais bien de chercher à les éviter et à les limiter au mieux. Ainsi, des équipements non imposés par la loi, sont prévus sur chaque chaufferie pour abaisser les émissions de poussières bien en-deça des seuils réglementaires ; la situation ultra-urbaine des chaufferies a bien été identifiée par les candidats et des solutions techniques ont été proposées pour réduire les sons émis par les installations. L’impact des livraisons sera minimisé en tenant compte des impératifs de chaque lieu : par exemple, la chaufferie du centre-ville ne sera pas alimentée le temps de la tenue du marché…
Ces sujets méritent entre autres des développements importants ; une page internet du site de la ville d’Arbois sera prochainement consacrée aux questions les plus fréquentes sur les travaux et l’exploitation du réseau de chaleur biomasse.
Où en est le projet et à quoi faut-il s’attendre dans l’année à venir ?
Le projet a fait l’objet d’un Marché Global de Performances, c’est-à-dire que l’entreprise retenue pour la construction des chaufferies et du réseau de chaleur assurera l’exploitation de l’ensemble pour six ans, avec l’obligation de respecter un certain nombre de critères : rendement du réseau, performance environnementale des installations, délai maximal avant intervention, etc.
Deux entreprises ont candidaté et ENGIE a été retenue. Une première réunion de mise au point a eu lieu mi-septembre. Des réunions publiques sont prévues, afin d’informer les citoyen.nes des travaux qui vont impacter la ville sur l’année 2025, et de répondre à toutes les questions qui se posent autour d’un tel projet. Les dates de ces réunions seront communiquées via les panneaux d’affichage et les réseaux sociaux.